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Chronique_littéraire
Une ville dure sous la surface
// Francesca Benedict - 1 oct. 2011
Numéro : Octobre 2011
Pour
cette vingt-et-unième chronique, j’ai choisi de vous présenter une
auteure anglophone de la région. Mary Lou Dickinson a grandi à
Bourlamaque parmi les familles de mineurs. Elle vit aujourd’hui à
Toronto, mais elle a gardé ses liens avec la communauté valdorienne.
Avec ce roman, elle signe sa deuxième publication. Son premier titre, One Day It Happens, paru en 2007, rassemble des nouvelles dont certaines déjà exprimaient l’empreinte de cette appartenance.
Quatre
personnages se croisent après de longues années. Lucien est resté,
Michelle est revenue s’installer depuis un certain temps, Nick et Libby
vivent à Toronto et sont en visite. Ils se sont connus jeunes, alors
qu’ils grandissaient dans Bourlamaque et ils sont tous rattachés les uns
aux autres par Marcel, un enfant qui évolue dans des conditions aussi
dures que celles qu’ils ont connues.
Essentiellement,
l’auteure raconte la vie de gens qui ont grandi ensemble et qui
aujourd’hui doivent composer avec leur passé autant qu’avec leur
présent. Elle présente des personnes dans la quarantaine qui traversent
les deuils et les bilans occasionnés par les hauts et les bas du
quotidien. À cela s’ajoutent les amitiés, les amours, les rêves et les
déceptions, opposant la fragilité de la condition humaine à la dure
réalité de la vie dans une ville minière – la phrase « It’s a tough town
under the surface » revient à quelques reprises, et semble faire autant
référence aux gens qu’à la roche. En reflétant les nombreuses divisions
de l’époque entre catholiques et protestants ainsi qu’entre
francophones et anglophones, le passé révèle la profondeur des
déchirures provoquées par le contexte politique et social des années 50.
L’auteure
rebâtit la vie des personnages en les laissant raconter leurs propres
souvenirs, auxquels elle entremêle le point de vue et les souvenirs des
autres personnages ; ce procédé permet d’avoir en même temps une
perspective intérieure et extérieure, ce qui traduit bien la complexité
de la situation socio-économique entre patrons et mineurs ainsi que le
lourd héritage historique et linguistique.
Pour
la génération qui a connu le passé de Val-d’Or, les références rendent
facile la reconnaissance des lieux et de l’ambiance de cette époque.
L’histoire correspond aux histoires qui circulent sur les premières
décennies de Val-d’Or. L’intérêt du livre repose aussi sur le fait que
Mary Lou Dickinson a su saisir le rythme, le souffle de la ville
d’aujourd’hui. \\